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DEBUT DU TEXTE
Mes jambes sont des serpents qui m’enserrent et m’étouffent. J’asphyxie. Des mâchoires impossibles à desserrer : cadenassées, ligotées. Cette bouche dangereuse, étrillée. Dix kilotonnes dans le creux du visage. Angoisses brûlantes. Éruptions acides. Je m’ouvrirais bien le crâne en deux, tiens ! histoire de décompresser, de tout lâcher. Je brûle, je me noie.
Cocaïne ? Amphétamines ? Non. Cette excitation, quoique maladive, est bien naturelle. Ce n’est pas de l’agitation ou de l’euphorie : c’est de la démence pure et dure.
J’espérais que la nuit terrasserait ce feu, qu’au matin je m’éveillerais normal, capable de raisonner, de ne pas bouger. Il n’en est rien. Jusqu’où la folie remontera-t-elle dans mes circuits : oxydés ?
J’avale un, deux, bientôt un troisième Xanax. Dans un quart d’heure, si l’effet sédatif n’est pas là, je me jetterais sur les bêtabloquants pour ralentir le cœur. Je comprends que certains suicides ne sont pas des envies de mourir, mais un simple besoin de calmer la machine.
Laurence découvre un homme, son homme ! effrayant, angoissé, et s’inquiète que je ne parvienne à revenir de cet épisode de démence. « Veux-tu que j’appelle le SAMU ? » murmure-t-elle.